ANTANANARIVO, 9 février (Xinhua) -- Madagascar pourrait être influencée par les manifestations qui se produisent dans les autres pays africains comme la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie, ont averti les observateurs politiques malgaches demandés par Xinhua.
Dans les pays du nord de l’Afrique, la hausse des prix alimentaires était la base fondamentale des manifestations. La sécheresse qui s’est passée en Russie ainsi que les inondations en Australie ont causé la flambée des prix des céréales, du sucre et de l’huile alimentaire. Les pays occidentaux et surtout les pays pauvres comme Madagascar sont affectés par ces problèmes et connaissent une hausse de ces aliments puisque les pays producteurs étaient obligés de réduire la quantité à exporter.
Ces évènements ont eu des impacts sur l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie où les céréales et le blé ainsi que les produits de base sont subventionnés d’où les émeutes de la faim dans ces pays. Ces subventions, pourtant ont eu des effets négatifs sur l’économie des pays étant donné que les productions locales ont diminué face aux importations à bas prix. Par conséquent, le marché de travail a également diminué car seuls les investisseurs étrangers occupent l’emploi.
Face à cette situation de base, en la Tunisie, plusieurs jeunes diplômés qui n’arrivent pas à trouver de travail et restés au chômage depuis longtemps n’en pouvaient plus au régime de leur président Ben Ali et par conséquent, des mécontentements de par et d’autre se manifestent.
A propos de l’Egypte, une inégalité insupportable règne dans leur société suite à la pratique de la corruption et des climats des affaires malsains. Le gouvernement central de l’Egypte est endetté plongeant l’Etat dans un problème de trésorerie. Cette situation crée le retard de paiement des salaires des fonctionnaires impliquant de l’insatisfaction et des mécontentements partout.
Quant en Algérie en janvier de cette année et en début du mois de février, elles sont causées surtout par le salaire très bas et un pouvoir d’achat très faible à part les problèmes de logements, de travail au noir, les prix élevés qui secouent le pays.
Selon Jean Eric Rakotoarisoa, un expert en droit constitutionnel malgache, «ces problèmes dans les pays africains sont contagieux et pourraient influencer Madagascar car depuis quelques semaines, la grande île vit dans l’augmentation de tous produits liés au quotidien des malgaches ». Le riz qui était acheté à 1.200 Ariary (1 dollar équivaut à 2.000 Ariary) le kilo en décembre de l’année dernière se vend actuellement à 1.900 Ariary si dans les autres provinces périphériques, le kilo s’achète jusqu’à 2.200 Ariary.
A part le riz, le sucre, l’huile alimentaire ainsi que les carburants pour les déplacements sont aussi en hausse. La diminution du pouvoir d’achat de la population se fait sentir sur les marchés obligeant la population malgache à réduire la quantité à consommer.
De plus, le nombre de personnes ne trouvant pas d’emplois depuis la fermeture de plusieurs entreprises franches en décembre 2009, ne cesse d’augmenter alors que la politique sur la création d’emploi n’a pas été mise en priorité par la Haute Autorité de transition (HAT) actuelle.
« Malgré la crise mondiale, la HAT n’a pas misé sur les problèmes économiques du pays, mais s’est penchée surtout sur le problème politique de Madagascar alors que la grande île devient de plus en plus pauvre, a continué Jean Eric Rakotoarisoa.
Selon Georges Rabehevitra, un expert et observateur politique, « la HAT ne fait que copier les erreurs de base des pays de l’Afrique du Nord dont la subventions de produits de première nécessité (PPN), augmentations des salaires des fonctionnaires, encore plus pour les militaires, nominations d’officiers généraux qui ne sont pas du tout productifs »
« Avec les prévisions économiques mondiales et le tarissement des aides internationales, le pouvoir actuel est en train de se fabriquer une vraie bombe sociale et une vraie catastrophe économique aux dégâts incommensurables pour les années à venir » a-t-il continué.
Face à ces événements, la diplomatie française n’a pas été un seul instant capable d’écouter des intellectuels tunisiens, en France ou en Tunisie, qui ont donné les signes d’alerte depuis très longtemps, a expliqué Georges Rabehevitra. De même pour la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), ne parlent que d’un modèle économique pour la Tunisie. Ce cas est exactement le même pour Madagascar, a relaté cet observateur politique car la diplomatie française essaie de faire comprendra que la HAT, dirigé par son président, Andry Rajoelina est légitime.
Le départ du président Ben Ali en Tunisie, va motiver les autres jeunes des autres pays africains en considérant que c’est une victoire de la manifestation populaire, a affirmé un autre expert qui a voulu garder l’anonymat. C’est surtout ce départ, considéré comme une défaite de leur autorité est à craindre pour les réactions des malgaches vu l’augmentation de tous les prix des PPN actuels. La promesse non respectée de la HAT pourrait engendrer une nouvelle forme de grève, a affirmé cet expert à Xinhua.
Pour éviter cette influence des autres pays africains du nord, la HAT devrait se pencher de plus en plus sur la création de travail, l’augmentation du pouvoir d’achat de la population malgache ainsi que l’accès à des besoins essentiels pour que la confiance des habitants envers les dirigeants revienne et que cette contagion soit stoppée à temps, a conclu, Jean Eric Rakotoarisoa.
Georges Rabehevitra, quant à lui, a lancé que le départ du président tunisien, Ben Ali devrait être pris comme leçon à Andry Rajoelina car une révolte de la jeunesse africaine pourrait l’anéantir. Le mieux c’est de trouver des solutions pérennes à l’économie malgache et d’augmenter la production locale afin de promouvoir le marché local et créer plus d’emploi aux jeunes.
(Ecrit par Nisa RAMBEL)